J'avais embarqué avec un vaisseau marchant. Cela faisait quelques jours que j'avais quitté le navire de la marine dont les esclaves avaient été libérés après mon acte de révolte. C'était un bon navire, qui m'avait permis de me rendre à l'entrer de Grand Line, cependant, par sécurité, je ne pouvais pas m'y attarder, on m'aurait retrouvé rapidement. Avant de le quitter, j'avais pris soin de m'équiper pour mon voyage. Nouveaux vêtements plus adaptés à ma corpulence, une petite dague qui peut s'avérer utile pour crocheter une serrure et un log pose.

Deux jours après mon ''délit'', j'avais été surprise de voir que ma tête était déjà mise à prix. Cela m'avait fait un choc de savoir que j'étais considérée comme une criminelle, surtout que je n'avais rien fait de mal. Ce n'était pas moi qu'il fallait arrêter, mais plutôt le gouvernement ! Maintenant fichée, j'allais devoir réussir à fuir au gouvernement et aux chasseurs de primes en passant.

Le navire, à bord duquel je me trouvais, ne pouvait pas aller plus loin que Whiskey Peak, j'allais devoir me débrouiller seule pour la suite de mon voyage qui n'avait pas encore de destination précise. Lorsque les formes épineuses de cette île m'apparurent, ressemblant à un champ de cactus géant, ainsi que les courbes de différentes attractions qui se dessinaient dans le paysage, je me rassurais en me disant que cet endroit devait être assez calme.
Nous accostions dans une baie. Je remerciais l'homme qui m'avait conduit jusqu'ici sans rien demander en retour, et après qu'il m'eut donné l'adresse d'une petite auberge dans laquelle je pourrais me reposer et laisser le temps à mon log pose de se recharger, je le saluais et partis sans me retourner.

La ville était plutôt chaleureuse. Beaucoup de gens circulaient dans les rues, discutaient entre eux et jouaient à des jeux de cartes là où ils pouvaient. D'autres se dirigeaient vers un parc d'attractions qui semblait être la fierté de ce lieu. Ce qui m'intriguait le plus, c'était le nombre de pirates qui grouillaient sur cette île. Les pavillons noirs formaient un barrage sur les rives. Des hommes bruyants et armés jusqu'aux dents buvaient une bière, tranquillement installés dans les différents bars. Personne n'avait peur d'eux, on semblait les accueillir comme des frères partis en guerre et qui revenaient après plusieurs mois d'absence. Tant de pirates et pourtant pas la moindre trace du gouvernement ... Quelque chose n'allait pas, mais quoi.

J'arrivais enfin devant l'auberge que l'on m'avait conseillée. Une pancarte où y était gravé dans le bois "Chez Mama", trônait au-dessus de l'entrée. J'hésitais un instant avant de franchir la porte. À l'intérieur, la fête avait déjà commencé. Musique, alcool, jeux ... Il y avait tout pour se sentir comme chez soit. Je m'approchais du bar, quand même avec méfiance, et m'installais sur l'une des chaises hautes en attendant que quelqu'un s'occupe de moi. Je m'occupais à regarder les gens s'amuser, à analyser leur comportement, leur tenue ... Même certains civils étaient armés et dissimulaient leurs armes sous leurs vêtements. Mes yeux de voleuse reconnaissaient les formes d'un revolver qui se dessinaient sous un t-shirt ou encore la dague cachée dans la botte plus ample que sa voisine. Des chasseurs de primes ! Je devais sortir de cet endroit avant que l'on me prenne pour cible ... Je libérais ma place et me dirigeais vers la sortie.

Avant que je puisse sortir, une voix me désignant m'invita à m'asseoir. Du coin du regard, je regardais la fille qui venait de m'appeler par mon prénom. Il y avait deux femmes à cette table, l'une, celle qui m'avait interpellé, sirotait une chope de rhum, avec de longs cheveux roux maintenue au-dessus de son front par des lunettes d'ingénieur. L'autre, n'était pas humaine, la peau teinte en bleu et ornée de nageoire, il s'agissait sans aucun doute d'une sirène.

Je n'avais pas vraiment le choix ... Il faut dire que la rouquine avait raison. Partir juste après être rentré pouvait m'attirer des ennuis. Cependant, d'un autre côté, si elles étaient déjà au courant pour ma mise à prix, cela voulait dire que d'autres aussi devaient être au courant, et peut-être qu'elles aussi convoitaient la récompense. Je ne pouvais pas leur faire confiance ... Pas plus qu'aux autres. M'appropriant une chaise de la table voisine, je m'installais face aux deux femmes.

« Tu as les mots pour rassurer toi. Qui me dit que vous ne faites pas partie des chasseurs de primes ? Après tout, les primes les plus basses sont souvent de l'argent facile et des valeurs sûres. »

Lorsqu'une serveuse passa à côté de moi, je suivis le conseil de la rousse et passais une commande. Je n'avais pas l'intention d'ingurgiter la moindre goutte de l'une de leur boisson, mais je pouvais toujours leur faire croire. Le temps que ma boisson arrive, je devais savoir à qui je faisais face. J'avais eu le temps d'observer la femme tout en rouge, avec l'armure qu'elle portait, il était difficile de savoir de combien d'armes elle disposait.

« D'abords, j'aimerais savoir comment vous vous appelez, ensuite, je suis certaine que tu as des armes sur toi ... Pourquoi ? » lançais-je à la rousse en même temps qu'un regard méfiant.

Ma boisson arriva, il s'agissait d'un pinte de bière blonde encore mousseuse. Lorsque la serveuse déposa le verre sur notre table, je lui tendis quelques pièces d'une main et de l'autre, pendant qu'elle comptabilisait ma monnaie, je lui fis les poches afin de récupérer plus ou moins l'équivalent de ce que je lui avais donné.

Finalement, je ne savais toujours pas quoi faire ... Rester avec ces filles aux risques que l'on me remarque ou partir en quatrième vitesse me cacher dans un coin. Je n'avais qu'une seule envie, éviter de trop de me faire remarquer.

Peut-être n'avais-je aucune raison de me montrer aussi méfiante ... La rouquine n'avait pas tort. Elle ne semblait pas intéressée par les récompenses, et même si elle l'était, je connaissais maintenant ses armes et pourrait m'en défendre. Cependant, pour quelqu'un qui dit que ses armes lui servent juste pour se défendre ... Elle était bien équipée. Deux pistolets, un fusil à pompe et le plus extravagant, un bras robotique capable de cracher du feu. Zyra avait l'air de rien au premier coup d'œil, mais pourtant, elle n'était pas à sous-estimer. Cela m'aurait rassuré de me dire que je n'avais rien à craindre d'elle, cependant, je restais tout de même sur mes gardes. Ce ne serait pas la première fois que quelqu'un se dit ''gentil'' pour pouvoir mieux approcher sa proie.

« Qu'est-ce que tu as fait pour te retrouver en photo sur le mur de primes ? » me demanda la rouquine

Je soupirais lorsqu'elle me demanda cela et porta ma main droite à mon visage, exaspérée par son comportement. Devais-je lui rappeler que nous étions dans un bar grouillant de chasseurs de primes ? La discrétion ne faisait pas partie de ses habitudes.
Néanmoins, caché la vérité ne me serait d'aucune utilité. Après avoir poussé ma pinte de bière devant Zyra, comme pour lui demander si, contrairement à moi, elle souhaitait la boire.

« Que pensez-vous du gouvernement ? » Demandais-je à mes deux interlocutrices.

La question était assez banale, et leurs réponses ne m'intéressaient pas vraiment, c'est pourquoi je continuais à parler sans même leur laisser le temps de répondre. Certes, ce n'était pas très aimable de ma part, mais dans un endroit aussi dangereux, la politesse m'échappait.

« J'ai passé trois ans à me cacher parmi un vaisseau de la marine qui était impliquée dans le trafic d'esclaves. Dernièrement, j'ai juste rendu leur liberté à ces malheureux. Depuis, le gouvernement semble m'avoir pris en chasse. »

Mon histoire était plutôt bien résumée, sans trop de superficiel. Cela répondait à sa question sans en dire plus. C'était maintenant à mon tour de poser quelques questions. J'avais pas mal d'information sur Zyra, mais son amie, Maryn, ne semblait pas très bavarde et se compterait de nous écouter dialoguer.

« Ce n'est pas commun de voir une femme-poisson, pourquoi restes-tu ici ? Et vous faites quoi de vos journées toutes les deux ? Cet endroit ne semble pas très adapté pour les gens qui ne souhaitent pas risquer leur peau.» Après trente secondes de réflexion, une autre question me vint à l'esprit. « Ah, et vous ne savez pas où je peux trouver un navire pour repartir ? Enfin pas tout de suite, faut que ce bidule se recharge. » terminais-je en secouant mon poignet auquel était attaché le Log Pose.

Une femme-poisson qui était devenue la mère adoptive d'une humaine, cela n'était pas commun et pouvait être source de conflits. Les relations, de ce que je connaissais, entre les humains et les hommes-poissons, n'étaient pas très « amicales ». Les sirènes étaient très demandées, en temps qu'objets de collection, et se vendaient une petite fortune au marché des esclaves. Il mettait arrivé d'en voir quelques-uns, mais cela restait exceptionnel. Un ou deux devaient être à bord du navire que j'avais libéré.

Zyra semblait très intelligente et douée de ses dix doigts pour pouvoir fabriquer ce dont elle se vantait. J'avais quatre de ses créations sous les yeux et toutes ressemblaient à du travail de qualité. Par son talent et la vague de pirates qui passaient dans le coin, nul doute qu'elle pouvait gagner beaucoup d'argent si elle revendait ses inventions. Cependant, je ne pouvais pas m'empêcher de m'imaginer que cela lui causerait défauts un jour ou l'autre. Après tout, cela ne m'aurait pas étonné que quelqu'un puisse vouloir s'approprier ses talents et la forcer à fabriquer des armes.

Grâce à elles, j'appris que mon log pose devait se recharger pendant une journée entière. J'allais devoir trouver un endroit où me reposer et être tranquille. Maryn me fit part d'une information cruciale. Elle pouvait me fournir un navire pour la suite de mon voyage et les deux femmes me donnèrent rendez-vous chez elles, dans une heure, puis quittèrent le bar.

Pourquoi étaient-elles aussi attentionnées ? N'avaient-elles pas conscience qu'aider une personne recherchée faisait d'elles des criminelles au même titre. Si la marine nous voyait, leur tête rejoindront la mienne sur le tableau de chasse. Elles étaient honnêtes, du moins c'est ce que j'espérais, et je ne voulais pas leur attirer d'ennuis. Toutefois, j'avais réellement besoin de ce navire, je ne pouvais pas laisser passer l'occasion.

Quittant à mon tour le bar, j'avais besoin de marcher un peu pour réfléchir à tout cela. Me fondant dans la masse de personne, emmitouflée dans mon écharpe, je ne savais pas vraiment où j'allais, et je m'en moquais. Arriva un moment où je passais devant le tableau des affiches. Quelques personnes jetaient un rapide coup d'œil dessus sans plus y prêter attention. Mon visage sur le papier ne me mettait vraiment pas en valeur. Je me rapprochais de mon affiche, la regardais, et l'arrachais avant de la froisser et de la jeter à terre et de me retourner.

Bien que Zyra m'avait dit que personne ne s'intéresserait à moi, depuis une bonne dizaine de minutes, j'avais remarqué que trois hommes me suivaient comme mon ombre, respectant une certaine limite de sécurité. L'un portant un chapeau et faisant mine de lire un journal à chaque fois que je me retournais, tandis que les deux autres s'arrêtaient et discutaient normalement avant de continuer à me suivre. Depuis combien de temps me suivaient-ils exactement ? Si cela était récent, alors Zyra et Maryn ne risquaient rien, cependant, si on me suivait depuis que j'étais rentré dans le bar ou avant, elles pouvaient être en danger.

Je continuais à marcher tranquillement, ignorant mes chasseurs, cependant, lorsque je me retournais une nouvelle fois, je compris que Zyra et Maryn devaient être en danger. L'homme qui m'avait déposé sur cette île et qui m'avait conseillé d'aller chez Mama était en train de parler à un autre homme, et tous deux me regardèrent un bref instant. J'étais suivie depuis le début.