Nom : Griffon
Prénom : Ray
Âge : 21 ans
Lieu de naissance : Saoti Island, North Blue
Race : Humain
Faction / Grade : Civil
Métier/Rôle sur un navire : Médecin/Chirurgien
But : Marquer le monde à jamais et retrouver ses amis
Surnom : //
Mer de départ : Grand Line

Capacité :

Un fruit du démon, mais je ne sais pas ce à quoi je peux prétendre ou non.
Ray se bat avec sa GunBlade, une arme rare héritée de sa mère. Il s'agit d'un mixte entre une épée et une arme à feu, mais ne permettant pas des tirs longues distances, une cinquantaine de mètres au maximum sans perdre en précision. Le garçon n'est pas un épéiste réputé ou un tireur d'élite, sa force provient de la combinaison des deux. Il attaque avec son épée et assiste ses coups par des tirs rendant son style brutal et rapide.


Description Physique :

Ray est un jeune homme au teint plutôt pâle. Il parait chétif de prime abord, doté d'une taille moyenne et d'une musculature légère. Ses mains sont tellement douces que l'on comprend tout de suite que ce n'est pas une personne manuelle. Et pourtant, il a beau posséder un corps fin, il n'est pas aussi fragile qu'il n'y parait. Le garçon a appris à se servir de chacun de ses muscles avec une précision extrême. Il possède deux tatouages. Le premier, à l'intérieur du bras droit, il s'agit d'un triangle divisé en trois triangles avec un oeil à leur intersection, le tout surmontant des ailes. Le second, dans le dos, représente un animal mythologique, le griffon, tout comme son nom de famille, affrontant un serpent géant.

Il a hérité des traits fins du visage de sa mère et du regard émeraude de son père. Deux grands yeux verts d'une intensité sans pareilles. Des longs cheveux bruns et complètement lisses encadrent son visage féminin et mettent en valeur son regard. Il attache régulièrement ses cheveux en arrière, laissant des mèches rebelles parcourir son visage. La sévérité affichait par ses sourcils et ses fines lèvres ôtent tout doute possible quant à son sexe. Ses sourcils donnent l'impression qu'il est toujours énervé et jurent avec le sourire constant qu'il affiche.


Description Psychologique :

Ray ne connu pas d'autres humains que sa famille durant la première moitié de sa vie. Il ne put donc apprendre toutes les règles de vie et de bienséance et parait bien souvent désinvolte et malpoli. Il ne respecte pas l'intimité des personnes et se permet sans aucune hésitation ni aucune gène de faire irruption dans la vie de quelqu'un. En dehors de son non-respect des normes sociales, il apparait comme un garçon gentil et serviable pour quiconque apprends à le connaitre.

Son comportement irréfléchi et enfantin cache en réalité une grande intelligence. Il est rarement sérieux, car il préfère s'amuser et profiter de la vie. L'air crédule et idiot qu'il prend lui permet de repousser avec ingéniosité les gens trop prétentieux, ennuyant à mourir selon lui. Il aime être entouré de personne considéré comme bizarre, voir folle. Il s'attache peu aux gens, mais lorsqu'il donne sa confiance il s'agit d'un acte définitif. Son attitude change radicalement lorsqu'il affronte un adversaire intéressant ou si l'on menace un de ses amis. Il devient alors d'une froideur et d'un calme effrayant, jusqu'à ce que la menace soit écartée.

Ray ne considère pas la vie comme quelque chose de sacrée ni comme une fatalité. Elle existe et c'est tout. Bien qu'il ne tue pas par plaisir, le garçon n'hésite pas lorsqu'il doit le faire. Malgré le fait qu'il n'ait aucune estime pour la vie en elle-même, il respecte par dessus tout la volonté, la capacité à surmonter sa condition et accomplir des exploits. La volonté de vivre. En tant que docteur, il ne se sent pas obligé de soigner tous les mourants et blessés et peut même passer à côté sans problème. En revanche, lorsqu'il prend soin de quelqu'un il le fait jusqu'au bout et s'il voit quelqu'un s'accrocher désespérément à la vie, il lui accordera alors toute son attention.

Dans la même logique, il ne supporte pas l'échec et déteste l'abandon. Quand il joue c'est pour gagner. Cependant, le frisson ne réside pas dans la victoire en elle-même, mais dans la manière de l'obtenir. A vaincre sans péril on triomphe sans gloire, comme on dit. Dans un combat, ou pour une raison réellement sérieuse, il mettra sa vie en jeu sans prendre le temps d'y penser. Si on devait résumer sa mentalité en une phrase ce serait : "je n'accepterais la défaite que si je meurs".

En dehors de ça il adore lire et passe le plus clair de son temps avec un livre en main, souvent des livres de médecine en tout genre. Il aime boire un coup avec ses amis et passer du temps avec eux. Un de ses passe-temps favori est l'apprentissage. Ray est assoiffé de connaissance aussi divers et variés que possible. De la méthode de la traite des thons albinos à la confection d'une arme en kerousaiki. Il est de ce fait attentif au monde qui l'entoure et possède un grand sens de l'observation.


Histoire :

Prologue

"Une catastrophe dites-vous? J'y vois ma plus grande chance. "

La vie avait toujours été paisible sur Saoti Island. Cette petite île de North Blue ne possédait aucune richesse, aucun héritage et n'abritait aucune personnalité. Elle était tellement éloignée et perdue que même le gouvernement mondial ne semblait pas s'en préoccuper. La légende de Samael D. Cosa parvint jusqu'à l'île, mais ses habitants étaient plus préocuppés par la survie que par les rêves. Et pourtant aujourd'hui était différent. L'île était à feu et à sang. Des cris s'élevaient du village. Une attaque pirate... Mais pour quelle raison? Un jeune homme observait le massacre du haut de son laboratoire. Les combats n'atteindraient pas le centre de l'île avant encore au moins une heure, ce qui lui laissait largement le temps d'apprendre la vérité. Et celle-ci, il la tenait entre les mains, contenu dans ce petit cahier.

Chapitre 1: Création

Journal de bord de N. Griffon, expérience n°15-B.

Janvier 1579, entrée 1.

L'expérience numéro 15-B consiste en la création d'un être humain possédant et utilisant la mémoire génétique de ses géniteurs, ainsi que l'augmentation et la maîtrise du cerveau en son plein potentiel. Elle fait suite à l'expérience 15-A qui fut un échec. Cette dernière ayant les mêmes objectifs que la 15-B mais consistant principalement dans la modification d'un être humain, non dans sa création. En effet, la mort de la totalité des patients a prouvé qu'un adulte ne pouvait supporter la modification de son génome. Les enfants ont en revanche montré une bonne capacité d'adaptation et de re-structuration, cependant ce fut aussi un échec.
Il a été prouvé que les fœtus sont extrêmement résistants et conçus pour l'évolution. De ce fait, ils devraient être en mesure de porter l'expérience jusqu'à son succès. Je vais donc modifier les cellules reproductives d'un couple possédant un patrimoine génétique reconnu et présentant un intérêt d'ordre intellectuel afin de créer un embryon qui saura s'adapter et évoluer.

Janvier 1579, entrée 4.

Les gens d'ici ont tous un patrimoine pathétique. Tous descendent de pêcheurs ou de paysans. J'ai même rencontré une personne clamant haut et fort que son père était un "brave" pirate. L'expérience 15-B ne saurait devenir un forban ou un vulgaire pion. Je n'ai pas d'autre choix que d'y intégrer mes propres gènes ainsi que ceux de ma femme, Kaori. C'était mon idée de départ, mais elle avait refusé. Pourtant, elle descend d'une grande lignée de médecins et moi-même étant un scientifique dont l'intellect est inégalable, 15-B sera brillant !
Kaori a accepté que j'utilise ses gènes à condition qu'elle soit la mère porteuse. J'ai donc pu prélever et commencer le mélange. La première étape s'est déroulée correctement. Il est encore trop tôt pour constater les différences sur l'embryon, mais il apparait que les gamètes ont bien assimilé les modifications et ne présentent aucune anomalie.

Janvier 1579, entrée 11.

Il y a bien un embryon, mais il m'est impossible de déterminer si le matériel génétique a subit des dégâts. La mère porteuse étant également la mère biologique j'estime le risque d'échec à seulement 10%. D'autant plus que toutes les grossesses recensées dans sa famille ont été un succès. Il me faudra attendre le stade fœtal pour déterminer la réussite de l'expérience. Cela devrait prendre encore sept semaines environ.

Mars 1579, entrée 12.

Le fœtus se porte bien. Son développement se fera encore sur six mois. Tout semble aller pour le mieux. Aucune dégénérescence ni aucune faiblesse ne sont apparues. Je suis également dans l'incapacité d'affirmer une amélioration de quoi que ce soit, il est en tout point similaire à un fœtus classique. Je tiendrais ce journal de manière quotidienne afin de noter toutes les données de l'expérience 15-B.

Septembre 1579, entrée 249.

15-B est enfin né. Après une longue période de gestation et un accouchement pénible il est enfin arrivé. Je me suis moi-même chargé de la naissance afin d'en assurer le bon déroulement. Etrangement, il n'a pas pleuré. L'expérience regardait le monde avec de grands yeux. J'ai vu dans ce regard la flamme de l'intelligence et de la curiosité. Tout semble enfin fonctionner. Kaori a tenu à lui donner un nom. Ray... Je lui dois bien ça, même si je n'arrive pas à comprendre cet attachement. Pour moi il sera toujours 15-B.

Chapitre 2 : Libération

"Fils? Ce mot vous ne l'avez jamais prononcé. Aviez-vous si honte que ça de votre expérience? AVIEZ-VOUS SI HONTE DE MOI?"

Le garçon posa le cahier sur le bureau et se retourna. Son regard émeraude se posa sur un homme allongé par terre, un couteau planté dans la poitrine. Ce dernier essayait de communiquer, mais aucun son ne sortait de ses lèvres. Ray réussit tout de même à lire le mot "échec". Ce mot résonna dans tout son être. Un sourire hautain se dessina sur sa bouche au moment où il enjambait le mourant. Son pas forcé tentait de dissimuler son malaise, mais il sentait que ses jambes ne sauraient supporter son poids plus longtemps. Il lui fallait s'asseoir, s'allonger, respirer. A l'exact opposé du bureau se trouvait un canapé en cuir brunâtre. Ray examina la salle tout en s'installant tant bien que mal dans la causeuse. Il était venu ici tellement souvent qu'il lui était impossible de souvenir combien de fois et pourtant il semblait redécouvrir les lieux. Rien, hormis le moribond, n'avait changé sur la vingtaine d'année d'existence du garçon, mais tout semblait si harmonieux aujourd'hui. Tous les meubles en bois étaient assortis au parquet et se fondaient dans un ensemble marron plutôt terne. Le drapé rouge et satiné des rideaux venait rehausser le jeu de couleur et donnait à la pièce un style classique, mais cossu. Le jeune homme passa une main dans ses cheveux afin de les plaquer en arrière. Cela fut vain, car aussitôt que la main cessa de maintenir la mèche rebelle, elle reprit sa place. Un dernier regard vers son père lui extirpa un soupir.

"Mais je vivrai... Contre toute attente je vivrai! Je vais prendre la mer et... oui... JE VAIS PRENDRE LA MER ET FAIRE SOMBRER CE MONDE DANS LE CHAOS!"

Il en était incapable. Même dans un moment comme celui-ci, il en était incapable, de simplement dire "je vais prendre la mer afin de découvrir le monde et m'amuser". Son père ne l'aurait pas comprise, cette vérité toute simple. Il ne pouvait saisir ce désir de voyage, lui qui avait passé sa vie dans un laboratoire, lui qui avait confiné sa famille dans ce même laboratoire. Une fois de plus la déception aurait été lisible sur son visage, une expression que Ray ne voulait plus voir.

"Même ça tu en seras incapable."

Ce furent les derniers mots prononcés par le scientifique. Il avait puisé toutes ses forces pour s'exprimer et mourut avec un grand sourire aux lèvres. Sa plus grande crainte était de voir l'expérience 15-B prendre le mauvais chemin et d'utiliser son génie à mauvais escient et Ray le savait. Il aurait voulu décrocher une grimace à son géniteur, ou même un froncement de sourcil. Le garçon ferma le poing et s'apprêta à rétorquer, mais constata qu'il ne pourrait être entendu. Des larmes commencèrent à couler le long de ses joues.

"Je vous admirais... Je vous aimais, père..."

Un coup de canon retentit et fit reprendre ses esprits au jeune homme. Il sécha ses larmes et sortit de la salle. Il n'avait pas encore tout perdu. Des gens comptaient sur lui, à commencer par sa mère. Il la sauverait à tout prix.

Chapitre 3: Evolution

Ray parcourait les longs couloirs du laboratoire en courant, à la recherche du dernier membre de sa famille encore en vie. Chaque salle, chaque corridor qu'il traversait, l'envahissait de souvenirs. Toute sa vie se trouvait ici, cantonnée dans ces étroites pièces. Et d'ici quelques heures il quittera ces remparts pour de bon, laissant derrière lui cette vie morne et dénuée de sens. Ce regard vers l'avenir l'incita à jeter un dernier coup d'oeil à son passé. Il se rappela les longues journées à la bibliothèque, à mémoriser des livres entiers sur de multiples sujets : médecine, science, mécanique, histoire, géographie, philosophie, langues, diplomatie et actualité. Il se souvint également des nombreuses heures passées derrière un bureau à répondre aux questionnaires de plus en plus durs de son père. Un souvenir douloureux envahit son esprit, tel un stigmate dont il ne put se défaire. La peur de l'échec, la peur de la déception, la peur du rejet, véritable épée de Damoclès planant au-dessus d'un gosse n'ayant même pas encore atteint la dizaine. Ce calvaire dura jusqu'au jour où Ray prit conscience que ses réussites réjouissaient son père bien plus que lui; lorsqu'il réalisa que la fierté lisible dans le regard du scientifique, sans en comprendre la raison, ne signifiait pas "il a réussi" mais "j'ai réussi". Le gamin échoua à tous les autres tests volontairement et chaque échec le satisfaisait énormément. Il aimait voir l'incompréhension et la colère de son tuteur.

"Comment est-ce possible? Je ne comprends pas! 15-B! Qu'est-ce qui se passe? Tes examens sanguins indiquent pourtant que tout va bien!"

Ray chassa ce souvenir et la voix de son père d'un mouvement brusque de la tête et s'arrêta devant une salle où on pouvait lire les mots "Bloc opératoire". Il s'agissait d'un des rares lieux qu'il aimait. Tout d'abord, parce que sa mère y passait la majeure partie de son temps et surtout car il y avait appris à découper, inciser, recoudre, ôter un organe ou en échanger un. Durant une opération, le monde extérieur disparaissait. Ni pression ni problème. Juste lui et son patient dans une bulle où tout n'était que logique. Pas de superflu, pas d'incohérence et encore moins de questions existentielles. Une suite de choses faisant partie d'un tout dont il saisissait jusqu'à la moindre nuance. Aucune anomalie ne lui échappait. Et en plus d'adorer ça, il était doué. Jamais ses mains ne tremblaient, jamais il n'hésitait. Son talent pour la chirurgie était indéniable, mais tout ce qui touchait de près ou de loin à la médecin faisait partie de son domaine de prédilection. Du petit rhume à la greffe de moelle osseuse, aucun secret du corps humain ne pouvait lui échapper. Et tout cela il le devait entièrement à sa mère qui lui avait transmis toutes ses connaissances. Ray s'extirpa de ses songes et ouvrit la double-porte dans l'espoir d'y trouver la chirurgienne.

"Maman? M'man? T'es là?"

L'écho de sa propre voix fut la seule réponse qu'il obtint. Il claqua les battants et reprit sa course jusqu'à la salle de consultation. Son coeur se serra lorsqu'il tourna la poignée, c'était le dernier endroit où elle pouvait être.

Chapitre 4: Evocation

De la lumière s'échappa par l'entrebâillement de la porte. Le coeur du garçon s'emballait à mesure qu'il ouvrait la porte. Et quel soulagement ce fut lorsqu'il la vit! Elle se tenait juste devant lui, en parfaite santé. A peine fut-il entré qu'elle se jeta sur lui et l'enlaça. Kaori, c'était son nom, était une grande femme à l'allure élancée et Ray possédait beaucoup de traits physiques en commun avec elle. Bien plus qu'avec son père d'ailleurs, dont il n'avait hérité uniquement que la raideur des cheveux et les yeux émeraudes. La femme qui se tenait devant lui possédait un magnifique regard azuré cerné par de longues boucles brunes. Son visage était fin et légèrement marqué par l'âge, notamment la commissure des lèvres et les pattes d'oies.

"M'man! Père a... tenté de me tuer...
-J'ai essayé de l'en dissuader mais il n'a pas voulu écouter. Je suis désolée que tu aies dû subir ça. Mais on n'a pas le temps d'en parler, pas aujourd'hui. As-tu toujours l'intention de prendre la mer?
-Je... Oui! Ray ne comprenait pas comment elle pouvait changer aussi aisément de sujet.
-Alors cesse de te lamenter! Ressaisis-toi! Que comptes-tu faire!?
-Trouver Helena et Allcaria, voler un bateau et partir. Enfin, c'est ce que j'avais imaginé...
-Suis-moi! s'exclama t-elle."

Elle guida son fils jusqu'à la bibliothèque devant laquelle il était déjà passé. De nombreuses étagères ornaient la salle et toutes étaient remplies. Kaori se dirigea vers un meuble du fond et enfonça un livre qui dépassait. Un bruit mécanique retentit et les murs se mirent à trembler. Un passage se forma entre deux rangées de livres. Ray écarquilla les yeux, il n'avait jamais remarqué cette entrée et pourtant il connaissait cette pièce comme sa poche, il était capable de donner la position de n'importe quel livre. Comment avait-il pu passer à côté de ça? Quelques marches donnaient dans une salle remplie d'or et de bibelots. L'endroit était vraiment encombré et on y avançait difficilement. Seul un piédestal sortait du lot et sur lui reposait un coffre en bois aux gravures dorées. Le garçon examinait les murs pendant que sa mère ouvrait le coffre. Un drapeau et des affiches étaient collées un peu partout. Le drapeau arborait fièrement un crâne parcouru de ronces. Un drapeau pirate? Ray fronça les sourcils. Il s'approcha d'une affiche et reconnut distinctement le visage de sa mère. Son incompréhension s'accentua avec les mentions "Wanted" et "Dead or Alive" ainsi que le montant d'une prime s'élevant à 5 000 000 de Berrys.

"J'étais pirate autrefois. J'ai quitté l'équipage lorsque j'ai rencontré ton père. Bien sûr, il ne l'a jamais su, mais je l'aimais..."

Il ne pouvait croire ça. Elle qui avait toujours été douce et attentionnée. Elle qui respectait profondément la vie, comment pouvait-elle être une criminelle? Qu'avait-elle fait pour atteindre une telle prime? Ray était partagé entre la fierté et la honte. En 18 années, il ne s'était jamais douté d'un tel secret.

"Je tiens à t'offrir ceci. Elle m'a beaucoup aidée lors de mes voyages et je sais qu'elle en fera de même pour toi."

Elle tendait une arme étrange. On aurait dit une épée, mais le manche ressemblait à une arme à feu. Ray s'empara de l'arme et l'examina. La crosse avait un angle plus large que celui d'un pistolet, était surmonté d'un barillet et d'une gâchette comme une arme classique; cependant au lieu du canon se trouvait une longue lame d'acier.

"C'est une arme uniquement fabriquée sur mon île d'origine, on appelle cela une GunBlade. Maintenant, va sauver Helena, elle va avoir besoin de toi!
-Tu ne viens pas?
-Je peux me débrouiller toute seule, ne t'en fais pas pour moi. Et promets-moi une chose, reviens me voir quand tu te seras fait plein d'amis."

Elle afficha un sourire radieux en prononçant ces quelques mots. Elle ne doutait pas de la réussite de son fils, elle avait en lui une confiance aveugle. Ray enlaça sa mère une dernière fois en lui faisant la promesse de revenir et se dirigea vers la sortie.

Chapitre 5: Aliénation

Ray, son arme en main, se précipita vers la sortie du laboratoire. En plein centre de l'île se trouvait le seul relief notable qui était surmonté par l'institut de recherche. Le paysage était magnifique, on voyait la totalité de Saoti Island d'ici. Un rapide coup d’œil vers le village lui fit comprendre que les combats avaient déjà cessé. Ils furent brefs. De la fumée s'élevait d'un peu partout et Ray ne put s'empêcher de s'inquiéter pour Allcaria. Mais elle avait de la ressource et savait mieux se battre qu'elle ne le croyait. Il devait en priorité retrouver Helena. Sa cabane se trouvait à l'opposé du village, elle ne devrait normalement pas être en danger mais d'étranges bruits montaient de cette direction, il n'y avait pas une minute à perdre. Un rapide coup d’œil vers le soleil permit au garçon d'estimer qu'il ne serait pas couché avant trois bonnes heures, ce qui lui laissait largement le temps de traverser l'île et de revenir au village en profitant de la lumière du soleil. Ray s'engouffra dans la forêt et ne fit aucune pause jusqu'à sa destination. Les bois étaient denses et sauvages, ils fournissaient aux habitants tout le nécessaire pour se nourrir et être auto-suffisants, mais il était aisé de s'y perdre, même pour un natif. La plupart des villageois vivaient de la chasse, de la cueillette et de l'agriculture. La famille d'Helena, quant à elle, était réputée pour ses talents de pêcheurs. Ils vivaient en marge du village afin d'être plus proches de la nature et des poissons que le bruit faisait fuir. Régulièrement ils partaient en mer, des jours durant, et revenaient chargés de magnifiques prises. Le garçon se surprit à prier intérieurement qu'aujourd'hui soit jour de pêche en haute mer. Encore quelques mètres et il en aurait le cœur net. Un cri d'homme retentit et le fit accélérer. Pas de fumée, c'était déjà bon signe. Mais pourquoi crier? Ray traversa la lisière sans se poser plus de questions. Aucun signe d'agitation ou de lutte à première vue. La cabane était comme dans son souvenir, en planches de chêne avec un toit en tuiles rougeâtres. Le chalutier n'était pas là, ce qui rassura le jeune médecin. Néanmoins, la porte de la hutte était ouverte et un autre cri survint. Ray s'y engouffra et vit un vieillard allongé au sol crachant du sang. Trois autres hommes encerclaient une jeune fille dont on ne distinguait que la chevelure rouge. Le sang du garçon ne fit qu'un tour.

"HELENA! Cria t-il."

Le trio se retourna. Ils avaient tous main un sabre d'abordage et des aspects similaires: chemise légère, short, un bout de tissu en guise de ceinture et plusieurs cicatrises à divers endroits. Il ne faisait aucun doute que ces gens étaient des pirates; peut-être était-il temps de savoir pourquoi ils étaient ici. Celui du milieu tendit un dessin à Ray et lui demanda où il pourrait trouver l'homme dessus, de la manière la plus naturelle qui soit. Il y reconnut Eris, le maître et ami d'Allcaria.

"Jamais vu. C'est tout ce qu'il vous fallait?
-Gamin, on sait qu'il se trouve sur cette île, alors ne nous ment pas! Rétorqua le pirate. Va-t-en si tu veux vivre un peu plus longtemps, on va s'amuser encore un peu avec cette jeune fille.
-Ray... murmura l'homme au sol.
-Ojisan?
-Protège là."

Les supplications provenaient du grand-père d'Helena. Un vieil homme malade qui avait été passé à tabac. Le toubib ne saurait pardonner un tel acte. Les pirates commencèrent à rigoler et s'emparèrent de la jeune fille. Ray serra le poing autour de la crosse de sa GunBlade.

"Lachez-la! MAINTENANT!"

Chapitre 6: En perdition

Le garçon n'avait aucune idée de la manière dont il devait se servir de sa nouvelle arme et pourtant ses mouvements se révélèrent fluides et efficaces. Il avait l'impression d'avoir tenu cette étrange épée toute sa vie. Il assénait de violents coups de poing, comme si la GunBlade n'était que le prolongement de son bras, suivis d'un tir au corps à corps qui rendait son style de combat extrêmement brutal mais très utile. Soudain tout s'éclaira dans son esprit. Il se souvint du jour où il annonça à sa mère son ambition de devenir pirate, il se souvint aussi du sourire qui suivit et de l'entrainement prodigué. A l'époque, il ne comprenait pas l'intérêt de ces mouvements qu'il devait sans cesse répéter à mains nues. De longues séances d'entrainements à effectuer des chorégraphies. Au ralenti dans un premier temps, puis avec une vitesse toujours croissante. Dans le vide, contre des mannequins ou même des cibles. En grandissant on lui confia différentes armes afin de s'habituer, des rapières, des sabres, des mousquets et des espingoles. Aujourd'hui cela avait un sens, comme s'il l'avait toujours su au fond de lui. Et pourtant, c'était la première fois qu'il était amené à se battre en situation réelle mais il n'avait pas peur. Il n'hésitait pas et ne tremblait pas, bien au contraire, il y prenait du plaisir. Ray balaya deux des écumeurs en un rien de temps et se retrouva face à face avec le dernier. Un sourire inquiétant s'était dessiné sur les lèvres du jeune médecin et ses yeux étaient emplis de fureur. Son regard fit vaciller le boucanier restant qui se mit à bégayer et supplier pour sa vie. Le sourire du garçon devint malsain, l'odeur du sang le stimulait et il en voulait encore plus. Très vite il perdit son objectif premier de vue. Désormais, il voulait tuer. Tuer afin d'assouvir sa soif de sang. Le pirate lâcha ses armes et se mit à genoux devant Ray. Lentement celui-ci tendit son bras armé vers la tête de son ennemi, la pointe de la lame entre les deux yeux, le doigt sur la gâchette.

"NON!"

La jeune fille à la chevelure rouge s'interposa entre les deux combattants. Ses bras écartés en croix tremblaient et la terreur se lisait dans son regard. Ray était désemparé, il voyait à travers les yeux de la jeune fille le monstre qu'il était. Il voulait la protéger et au lieu de ça il l'avait choqué. Il s'adressa au boucanier tout en baissant sa gunblade.

"Laissez vos armes, donnez moi votre Den Den Mushi et emportez vos camarades loin d'ici! Ils vivront, avec les soins adéquats."

Le forban ne se fit pas prier et s'exécuta. Il posa l'étrange escargot sur une table puis aida ses compagnons à se relever avant de disparaitre. Ray se détourna de la jeune fille et se saisit du Den Den Mushi, composant directement un numéro, sans prêter attention à ce qu'il se passait autour de lui. Le bruit de sonnerie significatif de l'appareil fut suivi par ce son : katcha. Une voix d'homme répondit.

"Ici le QG de la Marine de North Blue, que puis-je faire pour vous?
-Saoti Island subit une attaque de pirates, faites votre devoir! Et si cela peux vous motiver il y a des primes à récolter."

Il raccrocha aussitôt qu'il eut fini sa phrase, sans attendre la moindre réponse. Suite à quoi il se laissa tomber par terre en s'adossant contre un mur. Il posa sa tête entre ses genoux et plaça ses bras par-dessus. Jusqu'à présent, les habitants de l'île avaient été épargnés par la piraterie, puisque les forbans ne possédait aucun intérêt pour cet endroit. Les choses risquaient de changer dorénavant avec la récente attaque de Marine Ford, mais il n'avait pas le choix. Eux seuls pourraient protéger sa mère et les autres habitants... et même cette donnée était incertaine, personne ici ne savait dans quel état se trouvait la marine en ces heures troubles. La jeune femme s'approcha de Ray et lui attrapa les mains, le sortant de sa torpeur. Elle avait cessé de trembler et afficher un sourire timide.

Chapitre 7: Abnégation

"Helena... Je suis désolé... Tellement désolé... Je ne comprends pas ce qu'il s'est passé. J'avais peur pour toi. Je ne me le serais jamais pardonné s'il t'était arrivé quoi que ce soit. J'ai perdu le contrôle. Helena, tu es la personne la plus importante à mes yeux, je donnerais ma vie sans hésiter pour toi. Personne ne te fera jamais de mal tant que je serais là, je te le promets."

Le garçon s'en voulait terriblement d'avoir affiché ce visage devant elle. Une expression dont lui-même n'avait pas conscience. Il serra le poing et se fit la promesse de ne plus jamais effrayer Helena. Elle prit Ray dans ses bras sans dire un mot et posa sa tête sur son épaule. Il ne la connaissait pas depuis longtemps, deux ans tout au plus, mais il avait le sentiment qu'ils étaient à jamais liés. Les mots étaient très souvent inutiles, un seul regard permettait la compréhension entre eux deux. L'odeur de la jeune fille envahit Ray qui se remémora leur rencontre. Il profitait de l'une de ses escapades nocturne pour se lacher totalement. Il courrait à quatre pattes dans les bois, s'accrochait aux arbres et hurlait autant qu'il le pouvait. Aucun code ou éthique à respecter. C'était pour lui un moyen d'échapper à son "père" et par la-même de s'amuser. Cette nuit il tomba nez à nez avec Helena, torche et bandage en main. Elle avait entendu les gémissements et pensait qu'un animal était blessé. Dans un premier temps elle fut effrayée par l'attitude du jeune homme qui tenta maladroitement de se justifier. Mais ensuite, lorsqu'elle le regarda dans les yeux elle comprit qu'il ne lui ferait pas de mal et se mit à rire. Ray l'observait calmement. Elle avait des yeux verts encore plus clair que les siens. Ils étaient magnifiques. Le contraste avec la couleur rouge de ses cheveux était vraiment étrange, mais paraissait tellement normal sur elle. Comme si rien d'autre ne pourrait lui aller, où plutôt comme si rien ne conviendrait aussi bien. Ils étaient longs et décrivaient de larges boucles. Une mèche lui tombait constamment devant les yeux et elle avait pris le réflexe de souffler discrètement dessus pour la replacer. Son teint frais et éclatant faisait ressortir à la perfection ses fines lèvres rosâtres. Ray observa un moment sa bouche et se mit à rougir. Le sourire de la jeune femme était tout ce qu'il lui fallait pour être heureux. Indescriptible. C'était le seul mot qui lui venait pour décrire son sourire. Il était tellement magnifique qu'il sut à cet instant précis qu'il ferait tout ce qui était en son pouvoir pour la revoir. Ils passèrent la soirée à discuter sans voir le temps passer. Il apprit qu'elle faisait partie d'une famille de pêcheur, qu'elle possédait un bateau et qu'elle savait le manœuvrer. Suite de quoi Ray eut une idée folle, il lui proposa d'intégrer son futur équipage en tant que navigatrice. Bien qu'elle ne le connaissait que depuis quelques heures elle accepta sans la moindre hésitation et avec un grand sourire. Ils se séparèrent sur cette promesse et ne mirent guère de temps à se revoir. Leurs rendez-vous devinrent de plus en plus fréquents et ils apprirent à se connaitre. Elle était d'une gentillesse à toute épreuve et d'une générosité incroyable. Son amour pour la vie quelle qu'elle soit, humaine, animale ou végétale, était le point qui étonnait le plus le garçon. Et elle voyait le bien partout, incapable de penser que quelqu'un puisse être mauvais. Pour beaucoup c'était de la naïveté, mais pour Ray elle avait la capacité de voir dans le cœur des gens et de comprendre leur véritable nature. Elle parvenait à saisir la beauté d'une chose ou d'un individu même quand la personne elle-même n'en avait pas conscience. Il devait la protéger pour toutes ses raisons!






Ray fit comprendre à Helena qu'il était temps de partir, de quitter l'île et de débuter leurs aventures. Il soigna le grand-père et laissa la navigatrice faire ses adieux. La suite du programme consistait à retrouver Allcaria et s'emparer d'un navire. Le médecin avait décidé de prendre la mer avec Allcaria il y a bien longtemps, après avoir goûté à sa cuisine. Ils n'étaient encore que des enfants, mais tout deux rêvaient de liberté et d'aventure. Ce n'était pas une question de vengeance ou de revanche sur le destin, ni même la poursuite d'un but noble, simplement l'envie de s'amuser et de découvrir le monde. Helena fit savoir au garçon qu'elle était parée pour le grand départ et très vite ils disparurent dans la forêt. Ils se dirigeaient vers la cachette d'Eris, l'endroit qui avait le plus de chance d'abriter la future cuisinière de bord. Eris était un ancien pirate qui s'était réfugié ici pour une raison inconnue de Ray. Il maniait le bâton comme personne et avait enseigné cette discipline à la petite Allcaria. Le médecin aimait venir les regarder et il avait pu constater les énormes progrès de l'apprentie. Et aujourd'hui, elle serait en mesure de se défendre aisément, si seulement elle voulait prendre conscience de sa propre force. La cachette était vide. Cela était d'autant plus surprenant que Eris ne s'en éloignait jamais. Les pirates l'avaient-ils trouvés? Quid d'Allcaria? Le chirurgien fit signe à son amie qu'ils devaient accélérer le rythme et pointa son doigt vers le village. Ils arrivèrent à l'entrée du village quelques minutes de course plus tard. L'expression à feu et à sang prenait ici tout son sens. Il ne restait presque plus de bâtiments debout et les rares survivants qui avaient accepté de se rendre étaient traités comme du bétail. Helena poussa un cri devant ce spectacle morbide et attrapa la main de son compagnon. Celui-ci serra les dents. Etait-ce donc ça de vrais pirates? Sa mère avait-elle également participé à des pillages? Ce n'était pas ce que Ray entendait lorsqu'il parlait de piraterie. Pour lui, écumer les mers était synonyme de liberté.

Il devenait urgent de trouver Allcaria. Le garçon réfléchit rapidement et conclut que si son amie était encore en vie, elle se serait probablement cachée dans son restaurant. Le duo avançait prudemment, évitant les conflits inutiles. Tout deux connaissaient le village par cœur et il ne fallut pas plus de quelques minutes pour trouver leur objectif. Ray avait passé la première moitié de sa vie enfermé dans le laboratoire et ne connaissait du monde extérieur que ce qu'il avait lu. La découverte de ce village, lors de l'une de ses fugues fut une révélation. Il existait d'autres lieux habités par l'Homme, en dehors du laboratoire. Jusqu'à ce jour il avait pensé que sa famille était le seul groupe représentant leur espèce, mais il avait tort. Le monde était aussi vaste que les descriptions faites dans les livres du garçon. Ce qui avait le plus fasciné Ray lors de sa première visite était la quantité de personne qui vivaient chacune leur vie. Tous gesticulaient, parlaient, riaient, sans avoir conscience que chacune de leurs actions affectaient, à une échelle plus ou moins grande, les gens avec qui ils entraient en interaction. Mais aujourd'hui seul le crépitement du feu retentissait, accompagné d'une odeur nauséabonde. Helena ne pouvait s'empêcher de pleurer face à cette désolation. Le jeune médecin entra dans ce qu'il restait du restaurant et vit le corps sans vie de la mère d'Allcaria. Il fit un signe pour indiquer à la navigatrice de ne surtout pas entrer, le spectacle qu'elle aurait vu ici aurait été encore pire. Une sensation étrange l'envahit. Bien que n'ayant pas d'attache particulière pour cet endroit, il était triste. Il savait qu'en devenant pirate il abandonnerait tout derrière lui et jusqu'à aujourd'hui cela ne l'affectait pas. Mais devant ces scènes macabres il comprit qu'il n'y aurait plus de retour possible, même si la marine intervenait et restaurait la paix. Les gens qu'ils connaissaient, les lieux qu'ils fréquentaient... Tout avait disparu. C'était ici que le garçon avait goûté, la première fois, à la cuisine de celle qui deviendrait son amie. Un plat qui avait exalté tous ses sens. Que ce soit la vue, l'odorat ou le toucher. Quant au goût... Incomparable! Ray ne pouvait se permettre de perdre plus encore. Il fit rapidement le tour des lieux mais ne trouva personne de vivant. S'il ne pouvait trouver Allcaria, il devait tout mettre en œuvre pour s'emparer d'un navire et espérer le retour de son amie.

Chapitre 9 : Humiliation

Le médecin tenait fermement Helena par la main gauche et son arme de la main droite. En se dirigeant vers le port, ils tombèrent sur la cuisinière. Ray poussa un soupir de soulagement, l'équipage était maintenant au complet, il ne leur restait plus qu'à quitter cette île. Mais la petite Allcaria avait une autre préoccupation. Elle voulait sauver son maître, ce qui impliquait de fuir avec lui. Après une courte réflexion le garçon accepta. Eris n'était pas réellement son ami, mais si c'était important pour un membre de son équipage, alors ça l'était pour lui. Il fit la promesse de tout mettre en œuvre pour lui rendre sa liberté. Les recherches furent de courte durée car il était exposé tel un trophée sur la place centrale du village. Après tout, c'était pour lui qu'ils étaient venus. Cet homme serait-il dangereux? Se retournerait-il contre l'équipage? Qui en avait encore après lui? Ray n'avait pas le temps de réfléchir à ces questions car le maître du bâton se vidait de son sang. Il était attaché et affichait plusieurs marques de torture. Le chirurgien indiqua au reste du groupe de rester caché dans une ruelle. Il s'avança ensuite vers Eris et son bourreau. Un homme d'une taille imposante et plutôt vieux. Et pourtant son âge avancé n'enlevait en rien la sensation de puissance qu'il dégageait. Ray prit la parole calmement.

"Je suis Ray, le prochain homme qui atteindra Rough Tell, et je viens récupérer mon nakama. Ne vous mettez pas sur ma route ou vous en subirez les conséquences!"

Le tortionnaire se mit à rire d'une grosse voix et dégaina son sabre avant de charger. Il avançait à une vitesse impressionnante malgré sa taille et Ray eut à peine le temps de parer l'attaque avec sa GunBlade. Il n'avait encore jamais encaissé une attaque d'une telle violence et dut rajouter sa main gauche sur sa lame afin d'amortir le choc. Le vieillard profita de l'incapacité de Ray pour lui mettre un coup de pied qui l'envoya à terre. L'escrimeur ne laissa aucun répit à son adversaire et lui sauta dessus, sabre en avant. Une roulade sur le côté permit au médecin d'esquiver l'attaque, mais elle fut suivie d'un coup de poing qu'il n'anticipa pas. L'impact fut suffisamment violent pour rendre le garçon inconscient quelques instants. Des images sous forme de flash traversèrent son esprit. Une vision de sa mère, un drapeau pirate, le sourire d'Helena, les encouragements d'Allcaria. Allcaria... Ray entendit sa propre voix, celle qu'il avait avant de muer. Une voix d'enfant, plein d'espoir et de rêve, qui s'adressait à la cuisinière.

"Eh! Un jour je deviendrais un grand pirate! Je vais découvrir tous les secrets de ce monde! Et j'aurais besoin de toi. Tu viendras avec moi, n'est-ce pas?"

Cette promesse d'enfant stimula le garçon et l'extirpa de sa léthargie. La première chose qu'il vit fut le sabre fendant l'air, en direction de sa tête. Ray donna un coup de genou dans l'entrejambe de son ennemi et effectua une roulade arrière. Il balaya la place du regard afin de retrouver son arme et courut vers elle. L'adversaire était déjà debout, visiblement il n'avait plus mal et entamait de nouveau une charge. Le médecin effectua une roulade sur le côté et planta sa lame dans le pied du vieillard. Ray appuya sur la gâchette, le barillet roula dans un bruit mécanique, la balle s'arma et traversa tout le mécanisme, longea la lame et finit sa course dans le pied. Le sang éclaboussa les combattants. Le sourire psychotique du chirurgien s'afficha une fois encore. Mais il ne laisserait pas sa soif prendre le dessus, pas devant tout le monde. Il ferma les yeux et fit signe aux filles d'attacher l'homme qui se tenait le pied en criant.

Chapitre 10: Evasion

L'équipage était enfin au complet et comptait même un membre supplémentaire. Mais un équipage de pirate n'est rien sans un bateau! La dernière étape était la plus délicate. Ils devaient subtiliser un navire aux pillards et faire en sorte que ceux-ci ne puissent les suivre. Trois vaisseaux portaient le pavillon noir, dont un beaucoup plus gros. Celui-ci ne serait pas manœuvrable à quatre. Ray désigna le plus petit et fit comprendre qu'ils le prendraient pour s'échapper. En plus de la maniabilité, une petite embarcation serait bien moins protégée, d'autant plus que la plupart des pirates avaient commencé à boire afin de célébrer leur victoire. Deux équipes furent formées pour l'opération de sabotage. Ray souhaitait s'occuper du plus gros tandis que Helena et Allcaria prendraient le plus petit, mais Eris annonça qu'il pouvait toujours se battre et se rendre utile. Son élève avait tenu à faire elle-même les bandages et le médecin n'avait rien dit, mais il savait que les premiers soins prodigués étaient superflus. Très vite les plaies s'ouvriraient. La navigatrice proposa de le prendre avec elle sur le second navire, estimant le danger minime. Finalement, deux duos se formèrent place et Ray se retrouva avec la cuisinière. Aucun obstacle ne se présenta à eux jusqu'au pont et même ce dernier était vide. L'inconvénient principal des bateaux est qu'ils ne peuvent avancer sans vent ni voile. Le médecin entreprit donc de déchirer et découper les voiles. Il grimpa au cordage et commença son sabotage pendant que Allcaria tentait de faire couler le navire de l'intérieur. Du haut des cordages, le médecin vit un pirate rentrer là où s'était engouffrée son amie. Il descendit le plus rapidement possible afin d'apporter son soutien. La cuisinière fit comprendre que toute intervention était inutile, c'était son combat. De plus, il n'y avait pas une seconde à perdre. Ray se dirigea vers son futur bâtiment et inspecta rapidement la cale et les cabines, éjectant les quelques pirates qui s'y trouvaient. Il sécurisa les lieux et commença à lever l'ancre. Il fut rejoint par Helena et Eris, leur mission accomplie. Le capitaine écouta les indications de sa navigatrice et s'exécuta. L'excitation le gagnait de plus en plus. Il allait découvrir le monde, enfin! Eris semblait savoir quoi faire et agissait avec une grande précision malgré ses blessures. Allcaria se joignit enfin à eux, mais elle semblait en état de choc. Ce n'était ni le moment ni l'endroit pour se morfondre. Ray tenta de la stimuler en lui criant une série d'ordres. En quelques minutes les voiles furent gonflées et on pouvait sentir le vent s'engouffrer. L'île s'éloignait petit à petit, mais devant eux se dressait un horizon de possibilités. Le monde n'avait jamais paru si vaste. Il était temps de l'explorer!






Trois années se sont écoulées depuis la fuite de Saoti. L'équipage a grandit et a vécu bien des aventures sur les blues. Mais il n'était pas prêt pour la route de tous les périls. Il ne sut survivre à Grand Line. Il fut dissout par nécessité. Certain ont rejoint la marine, d'autre la révolution ou ont ré-intégré la vie civile. Les rêves brisés de ses membres font encore écho à l'intérieur de celui qui était considéré comme le capitaine, celui qui devait les mener au bout de leur destinée, Ray. En quittant l'équipage, il s'était fait la promesse de devenir plus fort afin de ne plus jamais voir ses amis mourir ou souffrir. Le jeune chirurgien retrouverait son équipage dans quelques années, quand il sera devenu une personne capable d'influencer le cours du destin. Aujourd'hui il est seul sur Grand Line, sa gunblade en main, dernier souvenir de son passé. Une nouvelle page se tourne, une nouvelle aventure commence!