Le sommeil avait pris ses droits. Les journées étaient toutes si différentes. On passait facilement d'un jour sans repos à un ennui le plus total. Et celle qui venait de se terminer faisait partie de la première catégorie. Arrivés sur cette île au petit matin, après avoir passé la nuit à combattre une tempête , nous avions passé la journée à panser les blessures de l'équipage tout comme celles du navire. Une journée comme il était bon d'en vivre mais pas trop souvent. Heureusement, tout était revenu à la normale, et allongé sur le dos, je me sentais plonger vers un sommeil salvateur. Même lorsqu'on frappa à la porte, épuisé, je ne savais même plus distinguer s'il s'agissait de la réalité, ou d'un songe.

« Sergent Jatro ! Sergent Jatro ! Excusez nous, mais on a besoin de vous c'est urgent ! »

Me passant les mains sur le visage, j'étais à deux doigts de craquer nerveusement. Du repos... juste un peu de sommeil... Mais soit, il en était de mon devoir. C'est donc avec détermination mais non sans mauvaise humeur que je me mis debout. Jetant ma veste sur mes épaules, j'ouvris la porte pour savoir ce qu'il en retournait. Cette dernière s'ouvrit sur deux matelots au garde à vous, visiblement gênés d'avoir dû me réveiller.

« Pardonnez nous sergent, mais nous avons un message urgent à vous communiquer. »

« Alors allez-y. »

« Il y a eu quelques problèmes en ville. Nous n'avons pas beaucoup de détails, mais un homme est arrivé il y a quelques minutes. Il nous apportait un message du sergent Wesson. A ce qu'il nous disait, il y aurait eu quelques dégâts et pas mal de blessés, mais aucune info s'il s'agit de civils ou de marine. »

Le sommeil, ça ne serait pas pour cette nuit. Rassemblant mes affaires, je pris la route vers la direction indiquée par le messager. La lune brillait haut dans le ciel, sa teinte jaunâtre donnait une ambiance exotique aux lieux. Après une dizaine de minutes au pas de charge, j’arrivais sur ce qui semblait être le lieu du drame. Un homme sans uniforme, mais qui correspondait à la description du sergent Wesson, était sur place. M'approchant de lui, pour me le distinguer, il était temps de savoir ce qu'il pouvait bien attendre de moi.

« Sergent Wesson ? Je suis le sergent Ichi Jatro. Vous avez demandé un médecin ? »

Creston Green, île de taille moyenne perdue quelque part sur Grandline. Cela ne fait que quelques semaines que je suis sur cette mer, et déjà je me retrouve confronté à la dure réalité qu'est celle de Grandline : Notre influence passée n'est plus ce qu'elle était. Des poches de résistance ici et là, des coins hors de notre juridiction où seule l'anarchie regne, et d'autres zones de conflit à droite à gauche à travers ce vaste Océan. Creston Green, donc. à priori encore sous le contrôle du gouvernement, la ville a en réalité deux visages bien différent. Il y a Creston la lumineuse, aux belles avenues éclairés, bien entretenues et aux hotels classieux, aux patrouilles de la MArine présentes un peu partout afin d'assurer la plus grande protection aux civils. Une ville où il fait bon vivre, où l'on aimerai pouvoir s'installer. Une ville touristique aussi, où il fait bon dépenser son argent. Casino, restaurant, attractions, musées et autres attrapes-touriste en tout genre sont foule ici. C'est là la Creston mise en avant, celle que l'on veut visible, celle que l'on érige tel un mur qui a pour tâche de cacher l'autre Creston, Creston la sombre, la ville dangereuse et mortelle.

Quelques coups de marteau dans le mur qu'est Creston la lumineuse suffiront à découvrir cet aspect de la ville. Quelques jours passés dans les rues et vous aurez tôt fait de sentir cette atmosphère malsaine qui règne, d'entendre ces messes basses dans les bars, ces complots fomentées un peu partout, ces arnaques, ces commerçants peu scrupuleux qui derrière ce sourire affable qui orne leur visage cachent toujours une sale idée. Gangrené par la mafia locale, le milieu des casinos est pourri, à un point qu'il n'est pas rare de tomber sur le corps d'un joueur endeté baignant dans son propre sang au détour d'une allée, tôt le matin. D'après nos informations, il y aurait en plus de tout ça une cellule de révos en ville. On ajoute à cette mixture déjà bien explosive l'omniprésence de pirates et autres criminels dans la basse-ville, zone de non-droit coupée du reste des lieux par un gigantesque mur, et on obtient Creston, du moins son vrai visage.

Et ce soir, Creston a decidé de lever le masque. Creston ne s'embarasse plus des appareances. Ce soir, le rideau se lève, et ce que le public va découvrir sur scène ne va lui plaire en rien.

Donc. Dimanche, Minuit, heure du crime. J'effectue une ronde autour du mur qui sépare la Basse-Ville du reste des lieux, clope au bec, mains dans les poches. Routine, nuit à priori calme, si cette odeur de magouille reste forte, rien de concret ne se produit. Pas d'agression, de vol, de passage à tabac ou d'arnaque. Ce qui pourrait être perçu comme quelque chose de bien, mais pas à mes yeux.J'aime pas l'inhabituel. D'habitude, à cette heure de la nuit, j'ai au moins 5 ou 6 événements qui me tombent dessus. Là, rien. Calme avant la tempête, j'vous dis. Ce petit vent qui siffle sur le champ de bataille avant que le fracas des armes qui s'entrechoquent ne vienne prendre place. Cet court laps de temps silencieux qu'un homme laisse s'installer avant d'entrer dans une fureur noire. Appelez ça comme vous-voulez, mais ce genre de calme, ce n'est pas du calme de bon augure.

Bien vite, ce préssentiment se retrouve confirmé. Je scrute l'horizon, et tombe sur un groupe de bleus en patrouille, apparement bin éméchés. Ils me saluent, tentent de faire bonne figure, mais ça ne prend pas. J4approche d'eux, m'apprêtant à leur passer un savonQuand d'un coup le mur prés duquel ils marchaient explose en un tas de gravats qui vient s'abattre sur eux à grande vitesse. Une épaisse fumée s'en retrouve soulevée, m'empêchant de distinguer la source de la détonation ou bien même l'état des jeunes. JE commence à approcher quand le silence se retrouve rompu pour un léger ricanement provenant de la zone enfumée. Rapidement, ce qui était un ricannement sinistre se transforme en un rire malsain. Un bras s'extrait de la fumée, et vient la balayer d'un rapide geste horiontal.

-Putain de.

Il est bien moche celui-là. Un espèce de vieux balafré dynamité de partout. Gilet de dynamite, haut de forme en dynamite, bandoulière de dynamite, rangées de dynamite aux bras et jambes. Monsieur Dynamite. Et monsieur Dynamite, il s'amuse à me balancer de ses bâtons rouges à la gueule. Et ça fait boum. Et j'esquive. Et ça refait boum. J'esquive. 5 d'un coup, BAOUM. J'esquive. Nouveau levé de poussière, je fonce comme une fusée sur l'explomane, pince la mèche du bâton entre ses mains de ma main droite, pour abattre ma main gauche sur sa tempe, une, deux, trois fois. Au sol, je conclue sur un Penalty dans la tempe, notre homme tombe, inconscient. Plus loin, le corps des bleus. Si je m'inquiète de l'état de certains, d'autres ne sont que légèrement touchés. Quoiqu'il arrive, on a besoin d'un toubib. Et d'un explication. Ce type à la dynamiteporte le bracelet de la BAsse-ville, un objet que seuls ses habitants portent. En d'autre terme : Il y a une brêche. Et si un a pu sortir, d'autre le peuvent sans doute. Un moment de relféxion, et j'attrape l'escargophone dans ma poche.

-QG ? J'vais avoir besoin d'un médecin ici. Je suspecte une brêche dans le mur, mais ne suis encore sûr de rien. Instructions ?

-Tâchez de vérifier vos craintes, et confirmez s'il s'avère qu'elles sont confirmées. Une fausse alerte à la brêche causerai un chaos ingérable, alors autant être sûr. Un medecin arrive les lieux.

-très bien.

***

Quelques minutes d'attentes, et voilà qu'un Sergent arrive. Ichi Jatro. Jeune maigrichon pas bien grand, yeux fins, cheveux blancs et teint tout aussi blanc. Et médecin, surtout.

Salut. Ouais, faudrait aller voir les bleus un peu plus loin derrière moi, l'homme inconscient à mes bottes s'est amusé à leur faire exploser un mur à la gueule, y a du blessé léger comme du blessé grave, et peut-être quelques morts. Une fois ça fait, si t'as de quoi réveiller la belle aux bois dormants, j'suis pas contre. Tu vois le bracelet à son poignet ? Faut que je sache comment il est arrivé en dehors des murs.

Et surtout, s'il est le seul à être sorti. Vraiment pas envie de me coltiner une évasion de grande envergure....

Le sergent Wesson semblait être un homme qui ne mâchait pas ses mots. M'expliquant brièvement la situation, il me demanda de jeter un œil à un gros de Marine derrière lui. Les pauvres matelots étaient pour le plupart enfouis sous un tas de gravas. Un immense mur trônait proche de nous. Haut de plusieurs mètres, il coupait la ville en deux. Il ressemblait aux murs des prisons érigés par le gouvernement. Mais jetant un rapide regard par le trou béant formé, ce n'est pas des cellules, mais des habitations que je pouvais apercevoir de l'autre côté. Aussi vétustes quelle soient, ces maisons devaient abriter des gens, pourquoi les séparer ainsi du reste de l'île.

Mais l'urgence n'était pas là, et des hommes avaient besoin de moi. Le mur avait éclaté en milles morceaux, et les gravas qui recouvraient les Marine ne furent pas compliqués à déplacer pour dégager les blessés. La plupart portaient de simples contusions, rien de bien méchants, ils seraient vite sur pied. Par contre deux d'entre eux avaient subis de lourds dégâts, membres déchiquetés et plaies ouvertes, ils devaient être soignés au plus vite.

Malgré le fait que Wesson soit pressé d'obtenir des réponses auprès de l'homme responsable de ce carnage, ma priorité était la vie de ces Marine. Je pris donc le temps nécessaire pour leurs vies hors de danger. Une fois fait, je me penchais sur le cas du type qui gisais aux pieds du sergent. L'homme avait morflé, Wesson n'y était pas allé de main morte. Ce dernier voulait que je lui fasse reprendre connaissance pour lui tirer des informations. Et hop ! Une piqûre d'adrénaline dans le bras, et l'homme ouvrait enfin les yeux, visiblement surpris de nous voir tous les deux penché au dessus de son corps.

« Je te conseilles de rester allongé et de ne rien tenter... mon collègue a quelques questions à te poser, et ça m'ennuierai d'avoir encore des membres à amputer aujourd'hui. »

Me relevant tout en ramassant mes affaires, je me posais devant le sergent Wesson.

« Il est à vous sergent. Essayez quand même de ne pas l’abîmer d'avantage. »

Je laissais alors les deux hommes 'expliquer. Cette affaire n'était pas la mienne, et pour l'instant elle ne me concernait pas. Prenant mon Den Den Mushi, j'appelais quelques secours afin qu'il viennent chercher les matelots blessés. Mais alors que je terminais l'appel, un bruit me fit sursauter.