Baterilla. Six mois auparavant.

Il regarde l'horizon. Il voit cette pauvre ligne au loin. Cette ligne morne. Sans discontinuités. Il soupire, tirant légèrement sur le boute, tendant ainsi légèrement plus la voile de sa petite coque de noix. C'est un petit voilier. Un voilier en soi un peu ridicule, mais amplement suffisant pour une seule personne. Il garde la main sur la barre, observant le loin de son regard vide. Il se demande quand il verra enfin la terre. Cela fait déjà plusieurs jours qu'il a quitté la dernière île, et il ne sait pas vraiment vers où il se dirige désormais. Il jette un oeil à son log, qui lui indique toujours la même direction. En plus de cela, les vents ont été cléments ces derniers jours, et il n'a pas vraiment dévié de sa route. Mais il ne voit toujours rien à l'horizon. Alors il attend. Il s'installe plus ou moins confortablement, toujours une main sur la barre, l'autre tenant le boute pour régler la voilure, et il attend. Il observe. En se demandant où il va désormais. Ce qui l'y attend. S'il trouvera quelqu'un ou quelque chose pour l'aider là-bas.

Et enfin, la terre. Enfin la côte se dessinait au loin. Il plisse les yeux, sans être vraiment sur de ce qu'il voit. Sans vraiment savoir s'il s'agit d'un tour joué par son imagination ou s'il approche vraiment d'une île. Mais non, il ne délire pas. Alors il resserre sa prise sur la barre. Il règle de nouveau ses voiles, avant de venir chercher le pendentif à tâtons. Il le sent sous le tissu de ses vêtements. Il serre la croix entre ses doigts, priant pour trouver une réponse. Il déglutit difficilement, alors qu'il approche de plus en plus de la côte. Il lâche ses voiles pour perdre de la vitesse cherchant le port du regard. Il finit par le situer, changeant de cap pour aller amarrer son embarcation. Il lâche les voiles en arrivant à hauteur des quais. Il se laisse porter par l'élan imprimé à son bateau, interpellant un matelot sur le quai, à qui il lance un boute, pour l'aider à l'amarrage.

Et une fois les manoeuvres terminées, le voilà à quai. Il regarde autour de lui. L'endroit a l'air calme. Il avance le long des quais, observant les différents navires à quais ici. Il discute un peu avec les marins qu'il croise, se renseignant à propos des dernières nouvelles, des différents équipages et de tout ce qui s'en approche. Rien de très emballant en vérité. Mais qu'importe. Il continue à déambuler le long des points d'amarrage, pour finalement aller s'asseoir sur le rebord d'un quai, profitant du soleil. Il se gratte le visage, se rendant compte de sa pilosité assez avancée. Il serait temps qu'il se trouve une auberge et qu'il fasse un brin de toilette. Bah. Il a encore le temps. Et il ferme les yeux, se laissant caresser par les rayons du soleil. Il essaie de se laisser porter. Il essaie de tout oublier. L'espace d'un instant.