Une goutte d’humidité tomba du plafond, elle entreprit sa vertigineuse descente encouragée par les cris incessants de la foule. Elle allait toucher le sol lorsqu’un poing la réduisit à néant. Le coup d’une puissance inattendue déstabilisa la cible. L’homme eut un mouvement de recul, du sang coulait le long de son menton, il posa un genou à terre ce qui eut pour effet de mettre la foule en émoi. Certains criaient des encouragements désespérés alors que d’autres applaudissaient à s’en arracher la peau des mains. Un nuage de sable se forma alors que le premier attaquant tentait de frapper de son pied celui qui était à terre. Mais profitant de sa position ce dernier se releva se projetant en avant et agrippa la jambe de son adversaire. Les rôles s’inversèrent en l’espace de quelques secondes.
Je poussai un cri de joie lorsque l’arbitre arrêta le match, désignant Harry comme étant le vainqueur. Fury se releva en essuyant son nez en sang, il semblait mal en point et lorsqu’il fit quelques pas il boita. Après avoir récupéré mon argent je le rejoignis. Il leva les yeux sur moi, un air dépité et légèrement perdu sur le visage. Fury était le jeune frère de John, c’était un bibliothécaire plutôt beau gosse qui se transformait en combattant pendant les soirées des paris. Les paris se déroulaient dans l’arrière boutique d’une petite épicerie de Luveneel. Bien sure ils étaient interdits mais cela n’empêchait pas leur réalisation ni la présence de certains membres de l’armée du roi. Lorsque j’arrivai devant Fury, il baissa son visage en rougissant et dit :
« Je… j’ai perdu. Je suis désolé… Je sais que tu avais besoin de cet argent, je trouverai le moyen de te rembourser… » Je le regardai un petit sourire aux lèvres et passait son bras sur mes épaules pour l’aider à rester debout.
« Ne t’en fais pas, je n’avais pas parié sur toi. »Il s’arrêta et me regarda éberlué.
« Tu… mais tu m’encourageais pendant les combats non ? » « En effet car tu es mon ami. Mais je savais que tu n’allais pas faire le poids. Je suis quand même surprise que tu ais résisté aussi longtemps ! » « Ahah… » Il reprit sa marche, je sentis les muscles de son épaule se contracter. Il était énervé et il avait toutes les raisons de l’être. J’eus un petit sourire amusé et plongea ma main de libre dans ma besace pour en sortir un croissant. Lorsque Fury le vit son visage s’illumina et oublia toute contrariété.
J’avais dorénavant l’argent nécessaire pour acheter mon embarcation. Ce que je fis sans plus tarder, je m’étais déjà arrangé avec le propriétaire de toute façon. Il s’agissait d’un petit bateau à voile nommé « L’Odelä », comportant une petite soute avec à peine la place pour dormir et stocker de la nourriture pour deux personnes. Il me restait cependant un détail à régler. Je n’avais plus qu’à kidnapper Zenikkuro.
Zen était un jeune garçon que j’avais rencontré peu de temps après mon arrivée sur l’île. Son père tenait un petit restaurant dans le centre ville qui tentait de survivre comme il le pouvait sur une île dévastée par la dictature. Je ne savais rien au sujet de sa mère. Zen travaillait d’arrache pied au restaurant et il se rendait chez les charpentiers lors de ses temps libres pour y apprendre le métier. Il était de nature joyeuse et serviable mais je n’oublierai jamais le regard qu’il avait lorsque je l’ai vu la première fois. J’étais partie explorer l’île, ou peut être voulais-je juste m’éloigner de ces rues pleines de misère et de gens plus bruyants les uns que les autres. Dans tous les cas je me retrouvais seule au milieu d’une immensité d’herbe adjacent le vide d’une falaise escarpée donnant sur l’océan. Je respirais lentement laissant l’air entrer dans mes poumons. Je perçus une voix dans le vent. Une voix de jeune garçon, il ne chantait pas vraiment bien mais la tristesse, le voyage et l’espoir étaient transportés dans sa mélodie. Je me rapprochai de son émission et aperçu le chanteur. C’était un jeune homme d’une quinzaine d’année, peut être un peu plus. Ses cheveux blonds semi longs voletaient dans le vent et son regard était perdu dans l’horizon. Lorsque sa voix s’arrêta, le temps semblait s’être arrêté, il ne bougea pas, rien ne bougea. Quelques claquements cassèrent le silence lorsque mes mains se trouvèrent. Le garçon se retourna vers moi, le regard surpris.
Nous avions beaucoup parlé, ce jour là et les suivants nous nous retrouvions loin de la ville et je lui racontais mes aventures. Je découvris en Zen un garçon honnête et plein d’amour. Un jour, il me demanda de lui apprendre à se battre. Il voulait tuer le roi. Je lui avais souris, lui disant qu’il n’était pas un criminel et qu'aussi fort qu'il puisse devenir il n'avait aucune chance. Sa vie n’était pas simple, surtout depuis que l’usurpateur était monté sur le trône en tuant son prédécesseur. Il ne supportait pas la violence et essayait tant bien que mal de faire le bien autour de lui. Je m’étais attachée à lui et j’allai le kidnapper.
Arrivée devant son restaurant j’ouvris la porte. Zen était en train de ranger, ils avaient tout juste fermé les portes. Il m’offrit un grand sourire en me voyant entrer :
« Bonsoir chère cliente, il nous reste un peu de nouilles sautés au porc ! » « Merci Zen mais je viens pour autre chose. Je peux parler à ton père ? »Zen acquiesça, une once d’interrogation dans le regard, il me montra la cuisine de la tête et reprit son lavage de table. J’entrai dans la cuisine, son père était en train de faire la vaisselle. Il leva la tête de son ouvrage lorsque j’entrai.
« Je me disais bien avoir entendu une insupportable voix de fillette ! Que veux-tu donc Lili ? » Une petite moue vexée sur le visage je lui offris une petite tapette sur le dos de la tête avant de me diriger vers la casserole et de me servir une assiette de nouille.
« C’est comme ça qu’on accueil des clients ici ? Je ne m’étonne plus de votre misère, entre l’aspect miteux de votre salle et votre adorable caractère ! Bon il faut quand même avouer que ce que tu fais et plutôt bon. » Ajoutai je en piquant une petite bouchée.
« Je pars demain, je compte prendre ton fils avec moi. »Il ne tiqua pas. Il poussa juste un soupir, posa son éponge, se retourna pour s’adosser au lavabo et me jeta un regard remplit de fatigue.
« Tu comptes réellement enlever le seul ange de cette île pourrie ? »Il ferma les yeux et passa ses doigts dessus en s’affaissant.
« Tu lui en as parlé ? »Comme je fis un geste négatif de la tête il continua.
« Fais attention à lui. Je veux de tout cœur avoir confiance en toi, mais tu restes une garce impulsive et violente, cependant rien ne peut être pire pour son bien être que cette île. Emmène le Alisa, donne lui ce que je n’ai jamais pu lui donner. »Je savais que Zen avait tout entendu. Il était juste derrière le mur, je ne savais ce qu’il en pensait et lorsque je sortis de la cuisine un cours laps de temps après, il n’était plus là. Son père m’avait suivit. Je posais ma main sur son épaule en lui tendant une bourse de l’autre.
« Je vais le traiter comme mon propre fils. Tiens, c’est ce qu’il me reste, je te souhaite de vivre encore longtemps grand père. N’hésite pas à rendre visite à John et Nina, ils pourront t’aider. Je pars demain matin, mon embarcation est devant Le Furyvore.»Nous ne dimes rien d’autre. Il prit une pièce d’or dans la bourse mais laissa le reste dans ma main. Nous échangeâmes un dernier regard puis je partis.
Je me rendis chez John, mon hôte depuis mon arrivée sur l’île. Ce fut Nina qui m’accueillit, un sourire aux lèvres et du désinfectant dans les mains. Elle était en train de s’occuper des blessures de son beau frère Fury, John n’était pas encore là. Je me dirigeais vers la cage aux oiseaux pour nourrir Piu.
« Je pars demain. »Ils s’en doutaient et ils ne répondirent pas de suite. Nina partie dans l’arrière chambre et revint avec une boite dans une main et une bouteille dans l’autre. Fury avait déjà mit quatre verres sur la tables. Nina nous servit en rétorquant :
« C’est une cuvée datant de 21 ans, tu nous en diras des nouvelles » « On attend pas John ? »« Ne t’en fais pas, il ne va pas tarder maintenant que nous avons ouvert la bouteille. A ta santé Alisa ! »Nous bûmes. John arriva peu de temps après et nous bûmes encore.
Je ne dormis pas de la nuit. Nina et John m’avaient tenu éveillé en me baratinant de conseils et d’histoires sur leurs connaissances qui se trouvaient sur Grand Line. Ils m’avaient aussi donné une boite contenant un Log Pose. J’en avais vaguement entendu parler mais je savais que j’en aurais besoins sur Grand Line. Le soleil pointait vers l’horizon lorsque je me levai, je pris mon sac, posai Piu sur mon épaule en lui demandant de rester discret et jetai un regard sur le couple endormi sur la table. Je leur laissai un papier blanc sur la table. Y écrire merci n’aurait pas suffit. Alors que j’allai poser ma main sur la poignée de la porte, John entrouvrit les yeux et soupira :
« Bonne chance »Une fois arrivée au port, je vis une silhouette devant mon petit bateau. Il était venu, son regard était triste mais ambitieux. Nous partîmes.
Le voyage était long mais Zen était de bonne compagnie. En plus de faire de bons repas, il était aussi doué de ses mains pour tricoter que pour réparer un bateau. En faite c’était un jeune homme si curieux qu’il avait déjà touché à tout dans la vie, ce qui était bien pratique pour une bonne à rien comme moi.
Je ne vais pas m’attarder sur le voyage car ce serait long pour peu de choses intéressantes au final.
Nous arrivâmes sans encombre devant reverse mountain et nous fîmes aussi vite demi tour qu’un faucon quand il plonge sur sa proie. J’avais entendu parler de ce passage mais le voir en vrai est autre chose. Nous allions mourir…. Le bateau sur lequel nous étions était bien trop petit et trop peu maniable !
Mais j’eus un plan des plus ingénieux. Nous postâmes notre embarcation en plein milieu du passage, suffisamment loin pour ne pas être prit par les courants. Nous n’eûmes pas longtemps à attendre pour mettre mon plan à exécution. Un bateau passa et ne manqua pas de nous voir. Lorsqu’il passa à notre niveau je leur fis de grand gestes des mains ce qui eut pour effet de les intriguer encore plus. Ils nous firent monter à bord et je leur fis part de notre petit problème ce qui eut pour effet de faire éclater de rire l’équipage au complet.
« Ahahaha !!! Vous…. Vous voulez aller sur Grand line ? Un brin de femme comme vous et un petit bouchou à peine sortit du ventre de sa mère ? »Piu poussa un petit piaillement mécontent devant l’omission du capitaine. J’observai les lieux. J’étais sans aucun doute sur un navire pirate bien qu’aucun drapeau ne soit à bord, ils essayaient surement de se la jouer furtif.
« En effet, et en plus d’aller sur Grand Line je vais m’y rendre sur votre bateau. J’aimerai aussi qu’on amène d’une quelconque manière l’Odelä avec nous. »Le capitaine sourcilla ne sachant comment prendre ma phrase. Il m’observa attentivement, s’attarda sur ma poitrine et sur les redoutables armes que je portais sur moi. Décidant de faire confiance à ce que mon apparence dégageait il me tendit la main.
« Avec plaisir Ma petite dame, et vous voulez un maquereau en supplément ? »Nos regards s’affrontèrent alors que je mis ma main dans la sienne, un sourire sadique sur les lèvres. Dix bonnes secondes passèrent avant que sa main blanchis ne lâcha la mienne, il se tourna vers l’un de ses hommes.
« Trouve donc un moyen d’atteler le carrosse de notre nouvelle recrue »L’équipage surprit commença à s’affairer. Après quelques temps mon bateau était attaché du plus solidement que nous avions pu au navire pirate. Nous étions prêts pour entamer notre descente en enfer.
Ce fut incroyable. J’ai toujours aimé la vitesse. Mais une descente avec la vitesse, plus le risque, plus l’eau, plus la peur qui empoignait certains membres était un véritable délice. Les marins étaient doués et heureusement pour nous car même malgré ça nous avons frôlé des rochers. Mais nous nous en sortions sans grand problème mise à part le fait que l’Odelä avait perdu son mat et que Piu était absolument traumatisé. Lorsque nous arrivâmes au bout de notre infernale descente, l’équipage était trempé mais avait le sourire aux lèvres. Le capitaine amena une barrique de rhum et commença à entamer un chant que je supposais être leur hymne. Je me joignis à eux accompagnée de Zen qui malgré un petit moment de stress dans la descente était ragaillardi. Le fameux phare du cap des jumeaux était en vue et le capitaine avait dit que nous allions y faire une petite pause pour refaire le point.